Miniaturistes des plus grands personnages, Augustin et Isabey raniment leur souvenir.
Il n’est rien de tel qu’une galerie de personnages pour faire revivre l’histoire. Ce sera le cas grâce à Jean Baptiste Jacques Augustin, l’un des plus célèbres miniaturistes de son temps, qui débuta au Salon en 1791 et sut traverser sans encombre les changements de régimes. Aristocrates et révolutionnaires, partisans de Napoléon et bourgeois de la Restauration, tous ont fait sa renommée et sa fortune. Chacun a apprécié la subtilité de sa technique du pointillé, consistant à croiser une multitude de touches légères et de petits traits de gouache, tout en jouant avec la dilution des tons. Si les dessins préparatoires de ses œuvres passent régulièrement en ventes publiques, un carnet entier est ici proposé, ayant anciennement appartenu au collectionneur américain John Pierpont Morgan.
Il ne contient pas moins de cinquante-trois dessins et esquisses au crayon noir, pour certains rehaussés d’aquarelle, signés ou monogrammés. Outre leur nombre, leur intérêt réside dans leurs annotations quasi systématiques, permettant d’identifier certaines célébrités comme la princesse Galitzine et sa fille. Plusieurs miniatures dues à différents artistes lui donneront la réplique, en particulier celles du couple impérial immortalisé par Jean-Baptiste Isabey. La future impératrice Joséphine est représentée en buste de trois-quarts face dans un portrait octogonal, portant un camée en guise de diadème – à rapprocher de celui représenté sur le portrait du baron Gérard, daté de 1801 et conservé au Musée de l’Ermitage – et une simple robe de mousseline blanche réchauffée par un châle écarlate (7 x 3,1 cm, 15 000/20 000 €). Dans sa miniature ovale, Napoléon porte quant à lui l’habit du sacre, imaginé par Isabey lui-même (6,1 x 3,7 cm, 10 000/15 000 €). Les officiers de l’Empereur ont eux aussi eu à cœur de se faire représenter dans leurs plus beaux atours, comme le comte Claude Étienne Guyot, immortalisé en uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale par un peintre de l’entourage du baron Gros (20 000/25 000 €).