Les faïences du Sud – de Marseille et de Moustiers – mettaient en avant leurs plus belles couleurs pour séduire de nouveaux collectionneurs.
Les pièces de Moustiers et de Marseille ici présentées émanaient d’une collection constituée chez les antiquaires dans les années 1960-1970 (voir l'article La Provence en une collection de faïences de la Gazette n° 4, page 36). Parmi elles, cette paire de bouquetières de la manufacture de la veuve Perrin (1709-1794) se distinguait par son fond d’émail vert d’eau : une couleur des plus rares pour des faïences françaises et plus encore de cette région, où l’on préfère jouer avec les nombreuses nuances de bleu et de jaune chantant le Sud ! Selon l’expert Aline Josserand, la veuve Perrin fut la seule à l’employer à Marseille et le fit sur une période très courte, de 1763 à 1765 environ. Ceci plus cela, ces deux pièces assumant rondement leur allure rocaille allaient cueillir un résultat de 40 960 €. D’autres manufactures prospéraient dans la cité phocéenne. Parmi elles, celle de Gaspard Robert (1722-1799), dont une aiguière couverte de forme balustre (h. 28,5 cm), accompagnée de son bassin (l. 38,3 cm) à décor polychrome plus conventionnel de paysages maritimes animés de pêcheurs (voir même Gazette, page 32), acceptait 30 720 €. Venaient ensuite des pièces de Moustiers de la fabrique de Clérissy, ornées en camaïeu bleu de scènes de chasse d’après des gravures du peintre italien de la Renaissance Antonio Tempesta (1555-1630) : à 17 920 € changeait de vaisselier un plat ovale (l. 63 cm) vers 1715-1720 et à 7 680 €, un plat rond (diam. 53,8 cm) de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle. Ces décors centraux, les premiers d’apparat réalisés dans la petite cité faïencière, apportèrent une grande renommée à l’atelier. Des maisons voisines choisirent le style à la Berain de grotesques et d’amours pour illustrer leurs pièces. Ce fut le cas À 12 800 € de celle d’Olérys, avec deux seaux à bouteille de forme cylindrique (h. 19, diam. 20,5 cm : ceux-là portent la marque «R. OL», correspondant au monogramme du peintre Jean François Richieud, actif de 1739 à 1763.