Heinrich et son fils Justin n’ont jamais cessé de promouvoir les artistes de leur génération, de part et d’autre du Rhin, puis outre-Atlantique. Dès 1963, Justin a légué une partie de sa collection à la fondation Guggenheim.
Les Thannhauser embrassent le XX e siècle. En 1905, le Munichois Heinrich Thannhauser (1859-1935) abandonna le négoce de vêtements ou de luminaires pour ouvrir une boutique de tableaux, Die Moderne Kunsthandlung. Il logeait chez un personnage de la MittelEuropa, devenu son associé, Franz Josef Brakl, chanteur d’opérette, directeur de théâtre et collectionneur. Comme l’affichait leur enseigne, ils comptaient se mettre au service des courants émergents issus de la Sécession. En 1908, Thannhauser prit langue avec Johanna Van Gogh et Paul Cassirer pour tenir une rétrospective dédiée à Vincent, que son confrère berlinois avait découvert lors de son passage à Paris, en 1901. Elle fait rêver aujourd’hui, puisqu’elle comptait soixante et onze peintures. La galerie n’en vendit que deux. Mais La Maison du père Pilon fut emportée par Alexej von Jawlensky, prenant une influence décisive sur son travail. Plus tard, ce petit paysage d’Auvers allait être racheté par Stavros Niarchos. L’exposition avait ainsi contribué à ouvrir des perspectives aux artistes en rupture de ban, et pour Thannhauser, c’était l’essentiel. En novembre 1909, séparé de Brakl, il put installer sa Moderne Galerie dans un nouveau palais édifié par la famille Arco-Zinneberg. Il la voyait plutôt comme un salon que comme un espace commercial. Dans un manifeste, il afficha son ambition de la placer sous «les principes directeurs du progrès en art, de l’expression de chaque…
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