Le peintre montpelliérain n’a cessé de surprendre, de ses œuvres rattachées au mouvement Supports/Surfaces à ses paysages naïfs, liés à son enfance, en passant par ses impressionnants panoramas aux couleurs métalliques.
On se retrouve en plein paysage provençal, sur cette terre rocailleuse parsemée de fleurs, peut-être quelques bruyères, avec à l’arrière-plan d’imposantes montagnes. Peut-être sommes-nous non loin de la région des Garrigues et du pic Saint-Loup, que Vincent Bioulès aimait tout particulièrement représenter. Dans ce paysage bien connu, le peintre place sur le chemin Tobie et l’Ange, deux personnages bibliques, offrant toute son intemporalité à cette composition, car « nous nous souvenons d’un ailleurs, d’un autrefois qui hante notre âme et dont le paysage est la métaphore ». Acquis à la galerie Hélène Trintignant en avril 2002, ce tableau a été réalisé entre mai 2001 et février 2002. Si le paysage a toujours été au cœur de sa création, et notamment celui de son enfance, l’artiste a toutefois, et à plusieurs reprises, changé radicalement de style dans sa carrière. Ses premières années furent consacrées à l’abstraction, notamment avec la fondation du mouvement éphémère Supports/Surfaces en 1969 ; mais dès le milieu des années 1970, il revient à la figuration. Scènes d’intérieur, paysages et portraits s’imposent alors dans un dessin au trait marqué, des aplats colorés, tantôt très travaillés tantôt plus lisses, et des jeux de matière et d’espace. Vincent Bioulès flirte même parfois avec la bande dessinée, comme dans ce paysage, image d’un paradis perdu – celui de l’enfance – ou encore de l’histoire de l’humanité.