L’annonce de la dispersion à Drouot, par la maison Pierre Bergé & Associés, de sa bibliothèque dédiée principalement au dadaïsme et au surréalisme révèle un extraordinaire collectionneur méconnu.
Il faudra quatre ventes en deux années pour disperser le millier d’ouvrages et de documents de la bibliothèque de Jean-Paul Kahn, disparu le 13 août dernier. «Mille nuits de rêve» : la première vente, sous le marteau d’Antoine Godeau le 7 novembre, tient son titre d’un poème de Paul Éluard, Balances , dont il possédait le manuscrit orné d’un collage original de l’auteur. Elle sera précédée d’expositions à Drouot et à la librairie de Benoît Forgeot, qui en est l’expert avec son confrère bruxellois Philippe Luiggi. Cet amateur venu au livre par la peinture était un véritable paradoxe. Neveu d’un collectionneur napoléonien et d’une conservatrice au Petit Palais, il fit ses premiers achats à 17 ans, et s’est montré insatiable dans la passion qui l’a animé une soixantaine d’années. Il prêtait volontiers aux musées, mais il a toujours cultivé la discrétion. Ainsi, s’il fut l’un des principaux prêteurs privés de l’exposition «Dada» que Laurent Le Bon a montée en 2005 au Centre Pompidou, son nom n’apparut ni sur les cartels ni dans les notices du catalogue. D’une certaine manière, les deux hommes se rejoignaient en esprit, puisque, en exposant un millier de pièces, Laurent Le Bon a tenu…
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