L’adage affirmant que s’«il y a un prix pour l’or, le jade lui est hors de prix» n’a de nouveau pas menti ! Un vase couvert s’est élevé bien au-delà de son estimation initiale (voir Gazette no 43 page 71 et reproduction page de droite), à exactement à 667 120 €, décrochant ainsi l’un des deux plus hauts résultats de la «Semaine asiatique» de Drouot pour une pièce chinoise. Il présentait de nombreuses qualités. Outre une matière blanche presque translucide, à peine rehaussée de quelques taches de rouille, il possède deux anses au décor dissemblable, d’un phénix pour l’une et surtout d’un étonnant chilong pour l’autre : des symboles très forts. Agrippé à la paroi, le dragon archaïsant sans cornes est souvent utilisé dans l’ornementation, l’oiseau renaissant de ses cendres également. Tous deux sont des icônes bénéfiques, parmi les quatre animaux merveilleux, le premier étant associé à l’empereur, le second, à l’impératrice. Leur réunion est le gage d’une félicité conjugale et d’une descendance nombreuse… Les Chinois, très présents à Paris pour suivre de près l’actualité des ventes, ne pouvaient assurément laisser échapper un tel hymne de bienfaits. Ils emportaient aussi, et moyennant 224 400 €, cet étonnant brûle-parfum en bronze partiellement doré, de la fin de la dynastie Ming (XVIe-XVIIe siècle). Si le corps de l’objet une cuve rectangulaire, sur les parois de laquelle on retrouve le décor des quatre dragons pourchassant la perle sacrée dans les nuages est classique, son portage par deux petits personnages, des huren, l’est moins. Ces barbares d’origine persane, habillés à la mode chinoise, confèrent à ce modèle toute son originalité. Les arts du métal s’exprimaient encore via les 80 600 € du vase de forme zun, en bronze doré et émaux cloisonnés, reproduit en couverture de la Gazette no 43 du 7 décembre. Datant du règne de Jingtai (1449-1457), septième empereur de la dynastie Ming, il illustre parfaitement la circulation de biens, d’idées et de personnes hier comme aujourd’hui entre la Chine et l’Occident. Une petite boîte (diam. 5,8 cm) en verre jaune ocre à l’imitation de la calcédoine, portant les marques de l’époque Yongzheng (1723-1735), refermait le couvercle de cette vente sur une enchère porteuse de 63 750 €.