Jacob Adriaensz Backer portraitiste

La sobriété et la rigueur qui émanent de ces panneaux autorisent à penser que les modèles étaient membres de l’Église mennonite, en Frise occidentale, et probablement de l’assemblée du Waterland, qui avait élu comme prédicateur Jacob Adriaensz Backer, l’auteur des deux huiles. Ce dernier partage avec son contemporain Rembrandt – lié à cette communauté religieuse par son épouse – la même clientèle et parfois les mêmes modèles, à Amsterdam. Fondée par le réformateur Menno Simons (1496-1561), l’Église mennonite s’inspire du mouvement anabaptiste, qui refuse le baptême des jeunes enfants, prône la non-violence et la tolérance, choisit ses prédicateurs et ses diacres mais leur laisse une grande autonomie. Les membres s’engagent à une mutuelle assistance, et à un mode de vie simple, sans tenue vestimentaire ostentatoire, ni bijoux. Les hommes portent la barbe, les femmes se couvrent la tête. La qualité des étoffes, d’un noir profond, le chapeau et la paire de gants du modèle masculin – gage de sa fidélité à l’égard de son épouse – témoignent de l’aisance de ces deux personnages. Comme le jeune Rembrandt, Backer peint des portraits dans une palette presque monochrome où les noirs dialoguent avec les gris et les bruns, incisant d’un trait sur la fraise et le col blanc pour lui donner du relief, et joue de la matière pour rendre la transparence des ailes de la coiffe de fine batiste. Les veines des mains, les cernes et les rides des visages sont autant de signes du passage des ans…