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Les grands collectionneurs russes

Publié le , par Emmanuel Ducamp

Au XVIIIe siècle, l’Empire russe voit émerger nombre de grands collectionneurs, dont les moyens considérables permettent de constituer des ensembles exceptionnels. Un prélude au règne des Morozov, dont la collection sera bientôt présentée à la fondation Louis Vuitton.

La Vénus de Tauride, IIe siècle av. J.-C., marbre, musée d'État de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.... Les grands collectionneurs russes
La Vénus de Tauride, IIe siècle av. J.-C., marbre, musée d'État de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. En 1718, cette sculpture, l'un des premiers antiques de la collection de Pierre le Grand, est échangée avec le Vatican contre... des reliques de sainte Brigitte de Suède.
© The State Hermitage Museum. Photo by Pavel Demidov, Alexander Koksharov, Alexander Lavrentyev, Svetlana Suetova, Vladimir Terebenin
Je suis de ceux à qui l’on enseigne et je réclame des enseignants», répétait souvent Pierre le  Grand  (1682-1725), fondateur de la Russie moderne, pour exprimer son intarissable soif de connaissance. Si cette dernière se manifeste surtout dans le domaine des sciences, le tsar ne limite donc pas ses ambitions à sa personne, persuadé que la modernisation de son empire ne pourra se faire qu’au prix d’une amélioration générale des connaissances de ses peuples  : «Je veux que les gens regardent et apprennent», affirme-t-il. Ainsi la Kunstkamera à Saint-Pétersbourg, achevée en 1727 mais dont les collections sont accueillies au palais Kikine dès 1719, est-elle le premier musée russe à ouvrir au public. Il s’agit d’abord d’un outil d’ouverture sur le monde, certes plus une leçon de choses que d’esthétique, où toutes les bizarreries possibles de la nature sont rassemblées, à la manière d’un cabinet de curiosités. Et, comme le grand savant Leibniz l’écrit dès 1708 dans un mémorandum adressé au souverain  : «Il convient d’aménager [le musée et les cabinets de la Kunstkamera] en sorte qu’ils ne soient pas seulement un objet de curiosité générale, mais aussi des moyens pour perfectionner les arts et les sciences. »   Boucle de ceinture, V e -IV e siècle av. J.-C., or, peuples sakas, musée d'État de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. C'est après la découverte d'extraordinaires objets en or dans des tumuli mis au jour en Sibérie que Pierre le Grand ordonne de les envoyer désormais rejoindre la collection impériale à Saint-Pétersbourg ; cet objet faisait partie de la «collection sibérienne» du tsar, au même titre que le célèbre or des Scythes. © The State Hermitage Museum. Photo by Pavel Demidov, Alexander Koksharov, Alexander Lavrentyev, Svetlana Suetova, Vladimir Terebenin La collection impériale C’est lors de son premier voyage à l’étranger, effectué en 1697-1698, que Pierre  I er commence à accumuler les «raretés de la nature et de l’art», d’un crocodile empaillé acheté à Amsterdam à des objets chinois, trouvés à Deptford. En 1715, la tsarine Catherine, sa deuxième épouse, ayant reçu à l’occasion d’une naissance un ensemble de vingt  objets en or envoyés de Sibérie par Akinfi Nikititch Demidov – l’un des premiers promoteurs…
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