S’inscrivant dans la programmation de la 4e édition de Normandie impressionniste, l’exposition réunit treize artistes contemporains au logis abbatial situé dans le parc de l’abbaye de Jumièges. «Métaphore des changements perpétuels, le sujet de la rivière s’inscrit parfaitement dans le thème de l’édition 2020 du festival, “La couleur au jour le jour”», explique Victoria Jonathan, commissaire avec Bérénice Angremy de l’exposition. En trois chapitres – «Le paysage et sa contemplation», «La rivière, témoin des accélérations de l’histoire» et «Récits-fleuves» –, le parcours analyse la mutation de la Chine par le prisme du paysage. À l’exception du Canadien Edward Burtynsky et de l’Américain Michael Cherney, qui vit à Pékin depuis 1991, tous les artistes sont Chinois. Si la photographie domine, les vidéos et les films ont également leur place, notamment avec un extrait de Still Life de Jia Zhang-ke, récompensé d’un Lion d’or à la Mostra de Venise en 2006. Le réalisateur y prend pour sujet le barrage des Trois-Gorges – plusieurs fois traité dans l’exposition –, pointant en filigrane les conséquences sur la vie des habitants de cette région, notamment la question des déplacements de population. Deux travaux se distinguent : l’impressionnant tirage panoramique noir et blanc de huit mètres de long de Yang Yongliang, intitulé Artificial Wonderland #1 (2010), où des grues de chantier remplacent les arbres grâce à une manipulation numérique. Autre point d’orgue : l’accrochage d’une quinzaine de petits formats signés Luo Dan. Ils ont été réalisés selon un procédé remontant aux origines de la photographie, le collodion humide. Déclinant une variété de regards, du documentaire à la fiction en passant par la mise en scène, l’exposition vaut aussi le détour pour son point de vue sur le sujet brûlant de la nature à l’heure de l’urgence écologique.