Cette exposition nous fait pénétrer dans l’intimité de l’artiste Marinette Cueco (née en 1934) : celle de son atelier parisien, grâce à la vidéo où on la voit échanger avec la commissaire Évelyne Artaud, mais aussi celle de son quotidien. On comprend dès lors que l’artiste vit au rythme des saisons, qui lui imposent le moment de la création et celui de la glane ou de la cueillette des matériaux : galets, joncs, graminées, graines, monnaies-du-pape, feuilles de buis, pétales ou plumes. Et puis il y a ceux qui se trouvent dans la cuisine, comme les pelures d’ail ou d’oignon. Elle tisse, noue, colle, assemble, recouvre… Le parcours thématique de l’exposition s’inspire de son travail par séries : les entrelacs, les pierres captives, les herbiers, les buis et pelotes, les bris-débris, les « herbailles » et les ardoises. On en déroule le fil comme dans une rétrospective, des années 1980 à aujourd’hui. Marinette Cueco n’a pas besoin de dessin préparatoire : ce sont véritablement le matériau et ses caractéristiques physiques qui guident ses gestes. Elle est dans l’action, dans le « faire », dans le silence de la méditation. Et ne mélange pas les espèces, comme on le voit habituellement dans les herbiers du Muséum d’histoire naturelle : au contraire, elle livre des tableaux dessinés avec des pétales de camélia ou des feuilles de rhubarbe. On en oublie la nature même de ces matériaux, tant la dimension esthétique happe le regard. Ce n’est pas la seule dimension plastique de ces plantes qui l’intéresse, qu’elle connaît intimement. On peut même y déceler une philosophie du quotidien, où les gestes essentiels se conjuguent : réparer, soigner, construire, agencer. Entre science et conscience.