Les débuts de la faïence en France

Le pavement du monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse, est connu depuis des siècles comme un ouvrage remarquable, l’un des premiers travaux en faïence de cette ampleur en France. Au pied du tombeau de Marguerite d’Autriche, fondatrice des lieux entre 1511 et 1536, et dans le chœur de l’église défilaient ainsi des personnages antiques et contemporains – à l’image de ce buste d’un turc barbu en manteau de fourrure et de cet autre homme de profil, coiffé d’un heaume en forme d’animal grotesque et vêtu d’un manteau retenu par un camée. Effacé par le frottement des pas au fil des temps, ce sol a en partie disparu au XVIIe siècle, avant d’être définitivement déposé au XIXe : c’est pourquoi l’on peut retrouver certains de ses éléments en vente ou lors d’expositions. Ces deux carreaux ont ainsi figuré à celle du musée des Arts décoratifs en 1832, ou au palais du Louvre en 1932 dans « La faïence française de 1525 à 1820 ». Daté vers 1530, le pavement de Notre-Dame de Brou serait une première en France pour la faïence stannifère, technique de poterie vernissée alors importée d’Italie, qui elle-même l’avait fait venir d’Espagne, où les Arabes l’avaient introduite. On suppose qu’un atelier de potiers italiens, installé in situ pour la circonstance mais peut-être basé à Lyon, réalisa cet ouvrage en terre rouge de Bresse.