Ce n’est pas leur taille, ni même leur décor mais plutôt leur provenance – le service à perles et barbeaux de la dernière reine de France – qui pourrait valoir à ces deux objets une belle enchère.
Commandé en juillet 1781, certainement exécuté sur des échantillons fournis par Michel Gabriel Commelin le 7 août suivant, ce service est livré à Marie-Antoinette le 2 janvier 1782, probablement pour le Trianon, où la reine dispose de deux vastes salles à manger. Composé de 295 pièces, et d’un montant de 12 420 livres, il est mentionné sous différentes appellations dans les archives de la manufacture : «service à perles pour la Reine», «Service de la Reine à perle et bordure merde d’oie»… Outre 96 assiettes et 24 à potage, il comprend 24 coquetiers, à 9 livres chacun. Connus depuis l’Antiquité – à Crète et à Pompéi notamment –, ces petits godets en forme de salière prennent la forme et l’usage qu’on leur connaît au XVIIe siècle. Louis XV, grand amateur d’œufs à la coque dont il sait, dit-on, admirablement faire sauter le chapeau avec sa cuiller, les déguste dans un réceptacle en or, quelques autres privilégiés dans des modèles en argent ou en porcelaine. Au XIXe, l’usage du coquetier se démocratise. On les fabrique en métal, en faïence, en cristal, munis d’une soucoupe destinée à accueillir la cuiller ou les morceaux de coquille. Dans les foires, on offre aux gagnants des stands de tir des modèles en verre moulé-pressé. Une tradition qui donnera naissance à l’expression «gagner le coquetier», transformé de nos jours en «gagner le cocotier». Avis aux coquetiphiles pour nos deux exemplaires…