À Nantes, l’apparition d’un mobilier minimaliste mettait en émoi le monde des collectionneurs… Il faut préciser qu’il est signé par Eileen Gray : la grande dame du design l’a créé pour sa villa Tempe a Pailla, où il demeura en place jusqu’à aujourd’hui. Sur ce terrain de la route de Castellar à Menton, elle fait édifier à partir de 1934 une nouvelle demeure, alors que sa première et fameuse villa, baptisée «E-1027», vient d’être achevée en 1929 à Roquebrune-Cap-Martin. Pour cette deuxième adresse, l’architecte irlandaise réalise des ensembles innovants en raison de leurs lignes géométriques et de leur matériau : du bois laqué blanc ou noir, posé sur des montants tubulaires. Tel ce meuble à plateau carré en caisson, ouvrant par deux colonnes de trois tiroirs superposés pivotants, avec piétement métallique. Analysée dans la Gazette n° 43 (voir page 188), cette pièce de référence, maintes fois exposée, par exemple au MoMA en 1979, ou au Centre Pompidou en 2013, nécessitait 126 000 €. Elle provenait de la chambre de la designer, à l’instar d’une applique cylindrique en deux parties vissées, en métal chromé, cédée pour 19 200 € ; alors qu’une seconde applique, provenant cette fois d’une chambre d’amis, prétendait à 18 000 €. Si l’on passait dans la salle à manger, on découvrait, entre autres, une console à plateau demi-lune en bois laqué noir rapporté et montants en métal asymétriques, qui était vendue ici pour 57 600 €. Au salon, un bloc de rangement quadrangulaire, à trois tiroirs superposés en bois laqué blanc, trouvait preneur à 7 200 €, au même prix d’ailleurs qu’un autre meuble de rangement de matériau semblable, mais issu de sa cuisine. De cette même pièce domestique, un égouttoir à assiettes en fer laqué blanc recueillait encore 7 440 €.