Soixante-quinze dessins provenant de la collection d’Hugo von Ziegler-Schindler (1890-1966) chantaient la Suisse du XVIe siècle. Non pas ses verts pâturages mais ses artistes, peu représentés dans nos collections nationales et surtout peu fréquents sur le marché de l’art. L’«Événement», et c’est bien ainsi qu’il était traité dans nos pages du 24 novembre (Gazette no 41, page 14), était des plus attendus. Ainsi, seulement vingt-trois œuvres données, attribuées ou encore dues au cercle de Tobias Stimmer (1539-1584), un peintre né à Schaffhausen ville où justement le collectionneur a passé toute sa vie , sont apparues en vingt-cinq années et en recevant 123 772 €, son Saint Paul (reproduit ci-contre) se plaçait sur la deuxième marche de son podium, et sur la première du marché français (source : Artnet). Stimmer a connu de son vivant un succès considérable, notamment pour ses gravures de dessins bibliques parues à Bâle, chez Guérin, en 1576 des chroniqueurs du XVIIe siècle rapportent qu’elles furent partiellement copiées par Rubens. Il devint le peintre officiel du margrave Philippe II de Baden-Baden et aujourd’hui, à la suite de Hans Holbein le Jeune (1497-1543), est considéré comme l’artiste suisse le plus important du XVIe siècle. L’homme a su en effet réaliser la synthèse entre l’esthétique issue de Dürer, celle de l’école du Danube et les principes maniéristes de son siècle. C’est ainsi par un langage propre qu’il s’exprime, et annonce le futur baroque de l’Allemagne méridionale. La déception ressentie par la non-vente de la série de treize gouaches de Daniel Lindtmayer (1552-1606/7), figurant le Christ et ses apôtres, était heureusement tempérée par les autres bons résultats de la collection, assortie d’un produit total de 677 326 €. En particulier ceux venus récompenser les projets de vitraux : 58 696 € s’inclinaient tout d’abord pour Ecce Homo, le roi Gaspard, la Vierge et l’Enfant et les armes des familles Kundig et Pfyffer de Christoph Murer (1558-1614 - Voir page 17 de la Gazette no 41). 44 660 € venaient ensuite se déposer aux pieds de Loth et ses filles, de Jost Amman (1539-1591 - Voir page 65 de la Gazette n° 43 du 8 décembre), 48 488 € reconnaissant cette fois des Études de têtes à la plume de Daniel Lindtmayer, datées 1595, et 47 212 € faisant feu de concert avec son Tireur à l’arquebuse, blason et scène de chasse, toujours une étude pour vitrail.