Avec ces trois peintres à la démarche très personnelle, l’émotion naît de la matière pure, apposée au cours d’une gestuelle aussi précise qu’un rituel.
« Je prends, toujours au pinceau, plusieurs couleurs à la fois. Je ne les mélange pas sur la palette pour trouver la «valeur», mais les pose directement sur la toile », a écrit Eugène Leroy, révélant le secret de son art si complexe. Sa Composition, réalisée en 1989, illustre parfaitement ce travail méticuleux d’où surgira une figure. La toile (100 x 73 cm) du peintre nordiste, signée et datée, était la vedette tout indiquée de cette vacation lilloise, en inscrivant 36 540 €. Tenant d’une expression tout aussi spirituelle, Olivier Debré a été marqué par son voyage en 1970 au pays de la calligraphie, le Japon, où il exposa à Tokyo. Ce séjour révélateur lui a inspiré une toile (19,5 x 33 cm) dont les noirs intenses ne sont pas sans rappeler la démarche gestuelle d’un certain Soulages : Palais impérial, Tokyo, peint cette même année, qui remportait ici 19 530 €. L’abstraction lyrique était également au programme avec Élément de Jean Miotte, une toile brossée en 1963. L’œuvre (93 x 72 cm) date d’après son retour des États-Unis, un séjour très inspirant où l’avait mené en 1961 une bourse allouée par la Fondation Ford. Portant en outre la mention «Galerie Jacques Dubourg», elle attirait 19 404 €. Enfin, pour 7 812 €, Pierre Alechinsky se faisait aussi remarquer avec Pleine page, une caractéristique eau-forte en couleurs sur papier végétal (98 x 60,5 cm), de 1976, signée et titrée, justifiée sur 12 exemplaires.