Présentée dans un parfait état de conservation, cette statuette baoulé fut collectée in situ dans les années 1930 par Maurice Burger, administrateur colonial-adjoint des services civils en Côte d’Ivoire. Elle est depuis restée dans la même famille, aux côtés d’une autre pièce de la même culture, représentant un homme à l’allure hiératique, assis sur un tabouret, estimée 3 000/4 000 €. Rondeur des formes, visage ovale et corps massif, l’art des Baoulés est immédiatement reconnaissable. Apprécié pour son esthétique, sa sensibilité et son naturalisme, il l’est également pour les sujets abordés, comme cette étonnante statuette de la divinité Asyé usu. Elle représente un mauvais génie de la terre ou de la brousse espace sauvage et désorganisé, qui s’oppose au monde organisé du village. Cet esprit maléfique s’attaque aux âmes fragiles. Le devin tente de soigner celles-ci en établissant le contact entre le patient et le génie. Ce dernier est campé, dans un bois de la brousse, sous les traits les plus flatteurs avec, comme ici, une barbe composée de trois tresses en fibres naturelles, un pagne du plus beau tissu et de belles scarifications. On n’oubliera pas sa coiffure, d’une grande complexité, qui indique le rang élevé de la personne représentée. Le génie doit alors accepter la statuette comme habitacle et accorde ainsi sa protection, en échange d’offrandes et de sacrifices, à l’âme qu’il avait auparavant tourmentée. Ces statuettes protectrices se conservent précieusement de génération en génération.