En Suisse romande, la ville de Martigny, où Jules César s’illustra, abrite un autre conquérant : Léonard Gianadda, créateur d’une fondation où sont montées de mémorables expositions. En attendant « Caillebotte », récit d’une aventure singulière.
Lion, ascendant lion. Le Suisse Léonard Gianadda est capable de soulever des montagnes. Qui eût dit, voici quarante ans, que la fondation qu’il ouvrit, au fond du Valais, allait accueillir les chefs-d’œuvre du Metropolitan Museum de New York et du musée Pouchkine de Moscou ? « Je suis content », résume-t-il, sobrement. Il peut l’être. Son grand-père, émigré d’Italie, venu du Piémont, arriva à Martigny sans le sou. Dans cette même ville de Suisse romande, deux générations plus tard, Léonard, ingénieur de formation, s’enrichit en bâtissant des ponts et des immeubles. Jusqu’à l’année septante-six… Alors qu’il édifie une tour, les travaux mettent au jour les vestiges d’un temple gallo-romain. Martigny, autrefois baptisée Octodure, est une cité antique. Deux mille ans avant Léonard, César y livra bataille. Tandis que le promoteur attend, en piaffant, le permis de construire, Pierre, son cadet, se tue dans un accident d’avion. Un frère dont il était si proche qu’il l’avait accompagné durant sa lune de miel. C’est dire… Léonard Gianadda, brisé puis touché par la grâce, décide de créer une fondation culturelle à sa mémoire. Il en conçoit les plans, assure intégralement le financement. Une imposante architecture de béton armé sort de terre. Les jaloux y voient un « bunker », on l’accuse de mégalomanie. « Certes, il faut être un peu fou, reconnaît l’intéressé, c’est mon côté italien, passionné ; un Suisse n’aurait jamais fait ça, l’Helvète empile, entasse, met tout dans le corbillard. » La fondation Pierre Gianadda est inaugurée le 19 août 1978, le jour où le frère disparu aurait eu 40 ans. Le lieu abrite un musée archéologique et des voitures anciennes. Pourquoi des voitures ? Le projet immobilier disposait d’un…
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