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L’Empire préempté

Publié le , par Sophie Reyssat
Vente le 07 avril 2019 - 11:00 (CEST) - 9-11, rue Royale - 77300 Fontainebleau

Si un collectionneur se faisait plaisir, à 500 000 €, avec un fauteuil évoquant le trône napoléonien du château des Tuileries (voir ci-dessous), les institutions n’étaient pas en reste. La plus spectaculaire préemption est celle du musée de la Légion d’honneur, avec cette décoration donnée par Fath Ali shah Qâjâr, shah...

Décoration Neshân E-Mehr, grand ordre du Soleil, médaillon ajouré en or jaune, diamants,... L’Empire préempté
Décoration Neshân E-Mehr, grand ordre du Soleil, médaillon ajouré en or jaune, diamants, rubis et émail polychrome, dessinant un enroulement de palmettes bifides bleu et blanc encadrant un texte persan en nasta’liq, décor de fleurs au revers, vers 1807-1808, 7,9 7,9 cm. Accompagnée de son écharpe et de trois documents persans et de leur traduction.
Adjugé : 100 000 

Si un collectionneur se faisait plaisir, à 500 000 €, avec un fauteuil évoquant le trône napoléonien du château des Tuileries (voir ci-dessous), les institutions n’étaient pas en reste. La plus spectaculaire préemption est celle du musée de la Légion d’honneur, avec cette décoration donnée par Fath Ali shah Qâjâr, shah d’Iran, à Hugues Bernard Maret, duc de Bassano (voir Gazette n° 13, page 133). Cette pièce atypique est unique à plus d’un titre. À la croisée du bijou iranien et d’une décoration à l’européenne, elle témoigne de la volonté du shah d’adopter l’usage des ordres honorifiques. La remise d’un tel insigne par un pays d’Orient à une nation occidentale dans un cadre diplomatique  le pacte d’amitié de Finkenstein, en 1807  est une première, à laquelle s’est également essayé l’Empire ottoman. Outre son intérêt historique, cet ordre du Soleil est d’une extême rareté, seuls trois exemplaires étant connus : ceux du général Gardane  aide de camp de Napoléon, nommé ministre plénipotentiaire en Perse par ce dernier, pour lequel il a été créé , de Talleyrand et de Maret. La décoration réservée à Napoléon n’a pas été localisée. Le palais de Compiègne préemptait quant à lui, à hauteur de 28 750 €, un bijou porté par les dames de la maison de l’impératrice Eugénie. Ce modèle de fonction, réalisé vers 1855 et composé du chiffre royal «IE» diamanté sous une couronne impériale, a appartenu à Charlotte Lefèbvre Desnouettes, baronne de Sancy de Parabère (voir Gazette n° 13, page 133). Une autre décoration revenait à un amateur, pour 41 250 € : une plaque de grand-croix de l’ordre impérial de la Réunion, en argent ciselé par Biennais, décernée au général François de Chasseloup-Laubat. L’ordre a été institué par Napoléon Ier en 1811, après l’incorporation de la Hollande à l’Empire. Conformément à la volonté de l’Empereur, il a remplacé ceux existant déjà : «Tous les ordres des autres pays réunis à notre Empire depuis le commencement de notre règne sont également supprimés»…

 

Ce Portrait de Céline Chagot de Fays (1797-1881), marquise Amelot de Chaillou, et ses enfants, Antoine, Anna et Marie, est sans doute la toile que Fra
Ce Portrait de Céline Chagot de Fays (1797-1881), marquise Amelot de Chaillou, et ses enfants, Antoine, Anna et Marie, est sans doute la toile que François-Joseph Kinson (1771-1839) a exposée au Salon de 1827. La petite fille de la marquise, Catherine Amelot de Chaillou, épousa le troisième duc de Tascher de La Pagerie en 1881, dans la famille duquel ce tableau était resté jusqu’à son achat, à 57 500 €. Le Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau préemptait un Portrait de Joséphine Bonaparte, moyennant 7 500 €. Ce papier marouflé sur carton ovale porte l’étiquette «Portrait de la générale Bonaparte dans sa maison de la rue de la Victoire par Robert Marguerite de Tascher». Quant au Portrait de l’impératrice Joséphine portant sa parure de perles, une miniature ovale sur ivoire de Daniel Saint (voir Gazette n° 13, page 133), il changeait de mains pour 10 000 €.
C’est en chassant les Russes de Raguse, en 1806, qu’Auguste-Frédéric-Louis Marmont obtint le titre de duc de la ville, deux ans plus tard. Cet exempla
C’est en chassant les Russes de Raguse, en 1806, qu’Auguste-Frédéric-Louis Marmont obtint le titre de duc de la ville, deux ans plus tard. Cet exemplaire du Cantata per le venuta in Ragusa di Sua Eccelenza Augusto Marmont […] célèbre dignement son retour dans la cité, en 1810, en tant que gouverneur général des provinces illyriennes. Cet in-folio de vingt-trois pages a été spécialement imprimé pour lui sur peau de vélin, illustré par cinq dessins originaux représentant deux vues de Raguse et trois allégories, et orné de ses armes brodées de fils d’argent sur la reliure de soie. Un unicum préempté à hauteur de 22 500 € par le château de Fontainebleau. Les volumes de la Description de l’Égypte (voir Gazette n° 13, page 133), en revanche, ne trouvaient pas preneur.

22 500 € étaient requis pour ce guéridon (h. 75, diam. 41,5 cm). Sous son plateau de marbre blanc à galerie ajourée, une marqueterie d’acajou et d’ébè
22 500 € étaient requis pour ce guéridon (h. 75, diam. 41,5 cm). Sous son plateau de marbre blanc à galerie ajourée, une marqueterie d’acajou et d’ébène s’orne de losanges en étain dans des réserves rectangulaires à encadrements de filets. Réunis par une entretoise triangulaire, des montants à têtes de bélier terminés par des sabots, sculptés de palmettes et de volutes simulant des fleurs de lotus stylisées soutiennent le plateau. Cet élégant meuble Empire  reproduit sur un tableau représentant la comtesse Lepic et à rapprocher des planches de La Mésangère  était resté dans la descendance du duc de Bassano. Selon la tradition familiale, il proviendrait de La Malmaison.
Ce fauteuil de représentation façonné à l’image d’un trône impérial de Napoléon Ier, annoncé comme ayant subi des modifications et des restaurations e
Ce fauteuil de représentation façonné à l’image d’un trône impérial de Napoléon Ier, annoncé comme ayant subi des modifications et des restaurations et donc proposé autour de 70 000 €, mais bien spécifié d’époque Empire par l’expert Mme de La Chevardière, a suscité des débats de spécialistes. Le marteau a tranché… à 500 000 €. Si quatre téléphones étaient en lice, c’est dans la salle, entre un musée espagnol et un Français, que se jouait la dernière manche, remportée par ce dernier. Le fait qu’aucun autre fauteuil de ce type ne soit conservé en mains privées a sans doute été un atout pour ce siège, à rapprocher du modèle livré pour le palais des Tuileries (voir Gazette n° 13, page 132).
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