Provenant d’une collection particulière au sein de laquelle il est entré au début du XXe, ce trône a été fabriqué au siècle précédent dans une essence de bois des plus précieuses : le zitan, souvent réservé à un usage impérial en raison de sa rareté. Le nom de ce bois exotique a fait son entrée dans les encyclopédies chinoises sous les Tang (618-906), alors que les ébénistes commencent à créer des meubles élaborés. Également nommé «santal pourpre» – zi signifie «pourpre» et tan «santal» –, il poussait en petite quantité en Chine, dans les provinces méridionales du Yunnan, du Guangxi et du Guangdong, jusqu’à sa disparition au XVIIIe siècle, sous le règne de Qianlong. Il faut alors l’importer d’autres régions tropicales. Les zones côtières montagneuses de l’est et du sud de l’Inde ont ainsi fourni le Pterocarpus santalinus, qualifié de véritable zitan au regard des autres variétés connues. Poussant très lentement, et le diamètre de son tronc ne dépassant pas vingt à trente centimètres, il demeure néanmoins une matière première rare. Sa belle teinte cardinalice, parcourue de grandes zébrures rectilignes, s’assombrit avec le temps jusqu’à tirer sur le noir. Extrêmement dense – il ne flotte pas –, il se prête admirablement à la sculpture, et son grain serré permet d’obtenir un superbe poli qui se pare d’une patine raffinée.