Ce récipient en céramique présente une similarité de décor avec les pages des livres précolombiens.
À l’époque classique récente, soit entre les années 600 et 900, les Mayas produisirent des poteries singulières, connues sous l’appellation de «céramiques de style codex», très similaires par leur décor aux codex précolombiens, ces livres manuscrits réalisés sur papier d’écorce de figuier. Deux de ces céramiques parfaitement documentées étaient présentées dans cette vente (voir l'article L’âge d’or des Mayas, page 73 de la Gazette n° 41), mais une seule a franchi la ligne d’arrivée : il s’agit de ce vase représentant deux scribes officiant à main levée pour obtenir une enchère de 58 500 €. La délimitation de la «mise en page» en haut et en bas par deux bandes de couleur – rouges généralement, mais ici noires et recouvertes après cuisson d’un bleu maya – renforce encore la ressemblance avec les manuscrits de cette civilisation. Les deux personnages sobrement figurés au trait noir sur fond crème sont des divinités jumelles de l’écriture, souvent représentées avec des traits de singe anthropomorphe. Pour cette pièce, le potier a choisi de conserver leur apparence humaine et d’insister sur leur gémellité, une particularité supplémentaire. La vente se déroulait sous la protection d’Ixchel, la déesse de la Lune, et de son compagnon, une céramique (h. 21,5 cm) brune aux restes de pigment bleu produite à la même période sur l’île de Jaina, retenue à 43 712 €.