Verticales et poétiques, deux estampes du maître de l’ukiyo-e dévoilaient une facette moins usitée de son immense talent, sa part animalière.
«L’automne dans le village isolé, si peu de fumée s’échappe, on ne perçoit que le cri du singe dans la vallée profonde.» Ce poème de Ki no Haseo, tiré d’un recueil ancien, est ici illustré par le célèbre Utagawa Hiroshige. Tout naturellement, l’artiste choisit un primate dressé, vêtu d’un manteau rouge tacheté de sang, attaché en haut d’un mât. À ses côtés, un cerisier dont les pétales tombent, le tout étant recueilli à 35 840 €. Le grand maître de l’estampe japonaise, dont on ne cesse de redécouvrir la variété de l’univers créatif, livre là une jolie facette de son talent. Un peu plus loin, L’Éducation du lionceau par l’épreuve (37,6 x 17,2 cm), du même, et des années 1835-1839, s’effectuait à 23 040 €. Celle-ci se référait également à un poème, signé cette fois Hakuen : «Shishi, nouveau-né, petite chose pathétique, fleur de pivoine.» Rien de surprenant à cela : né une trentaine d’années après Hokusai, Hiroshige est l’auteur d’une œuvre prolifique invitant à une vision sensible de la nature. De fait, son immense production d’estampes de paysages ne doit pas faire oublier son œuvre animalière. La contrainte de l’emploi quasi systématique du format vertical donne naissance à ses compositions originales, aux points de vue multiples et aux cadrages audacieux. Toutes notions qui vont tant marquer les artistes occidentaux de la seconde moitié du XIXe siècle, en recherche de modernité.