En 2022, afin de célébrer le centième anniversaire de son premier saxophone, la maison Selmer a réalisé en édition limitée un instrument unique, dont celui numéroté "001" sera vendu à Vichy prochainement.
Si le tout premier saxophone remonte au XIXe siècle, alors créé par Adolphe Sax qui voulait en faire un instrument d’orchestre, c’est bien au XXe siècle qu’il fut largement adopté et apprécié – pour sa suave rondeur, son expressivité proche de la voix et sa sonorité nuancée – par les jazzmen les plus célèbres. Ces derniers ne juraient alors que par une seule marque : Selmer. L’entreprise française, créée en 1885 par Henri Selmer (1858-1941), avait dans un premier temps orienté sa production sur les clarinettes, instrument que pratiquaient professionnellement le père du fondateur ainsi que lui-même, pour sa part au sein de l’Opéra-Comique et de la Garde républicaine. Après le succès de ces dernières, comprenant une médaille d’or à l’Exposition universelle de Saint-Louis en 1904, une boutique est ouverte à Manhattan ; elle est alors dirigée par le frère d’Henri, Alexandre.
En pleine expansion, l’atelier des frères Selmer s’installe à partir de 1919 à Mantes-la-Ville. Trois ans plus tard est fabriqué le premier saxophone. Cet instrument rangé parmi les bois, en raison de son bec toujours muni d’une hanche, est alors en pleine explosion populaire, notamment aux États-Unis où il se fait de plus en plus remarquer dans les orchestres de variété ou de jazz. Imaginé en décembre 1921, le premier saxophone Selmer sera en fait mis en vente l’année suivante, sous le nom de « modèle 22 », qui cumulera quatre cents exemplaires. Une gamme complète est alors produite, du sopranino au basse. 1922 constitue bel et bien une date mythique pour la marque Selmer, marquant le début de l’histoire de ses saxophones et de leur reconnaissance presque instantanée. Les musiciens apprécient ses nombreuses améliorations techniques, comme l’étirage des cheminées et la clé d’octave automatique permettant de passer plus facilement et rapidement de l’une à l’autre. Les plus importants jazzmen de l’époque les adoptent immédiatement, tels Coleman Hawkins, Sidney Bechet puis John Coltrane. L’entreprise française s’impose comme leader mondial dans la fabrication de cet instrument, supplantant les marques américaines et rachetant en 1929 la société d’Adolphe Sax. Il fallait donc célébrer le centenaire comme il se doit, et ce fut chose faite avec la fabrication de ce Suprême modèle 22.
Après plus de dix ans de recherche, cette réédition haut de gamme est éditée à 641 exemplaires, un chiffre choisi en référence au nombre de pièces la composant. On y retrouve des qualités acoustiques inégalées, avec une rondeur conjuguée à une grande richesse de timbre, une facilité de jeu et une grande capacité de projection. S’y ajoute un décor art déco créé spécialement pour ce modèle, gravé dans le métal avec une finition exclusive, « dorée mat » – certaines pièces étant même plaquées or et un médaillon incrusté de grenadille (ébène du Mozambique) –, sur le thème du Paris des Années folles avec des monuments parisiens célèbres, des danseurs et des musiciens. L’exemplaire vendu le 6 mai à Vichy, sans frais et au profit d’associations caritatives œuvrant pour la démocratisation et la promotion de la musique dans le monde, est le numéro « 001 ». À la différence des autres exemplaires de ce modèle d’exception, aujourd’hui dispersés, il n’a encore jamais été mis en vente…