Les ventes d’arts du Vietnam se suivent et se ressemblent, de nouveaux records remplaçant les anciens.
Ainsi que l’on s’exclamait en page 58 de la Gazette n° 36 (voir l'article Un paravent laqué de Lê Quoc Loc), «et de trois !». Après avoir adjugé le 3 novembre 2020 (357 500 €) puis le 4 mai dernier (260 000 €) deux œuvres de Lê Quoc Loc, la maison Millon proposait un autre de ses paravents. Si l’on s’attendait une nouvelle fois à l’obtention d’un beau résultat, on ne l’espérait pas à de telles hauteurs… Peint en 1943 à la laque polychrome en rouge et or, soit les couleurs du drapeau vietnamien – rappelant l’engagement révolutionnaire de l’artiste au sein du Vietminh –, ce paravent relate sur ses huit panneaux en léger relief la vie paisible régnant à Phnom Penh. Il s’agit d’une composition ambitieuse et peinte avec science donnant à voir des temples, des bonzes, de jeunes femmes priant, le tout dans la végétation luxuriante de l’Asie du Sud-Est – ces paysages animés de palmiers auxquels le maître est particulièrement attaché. Le fait que la scène se déroule au Cambodge, un lieu rarement traité par les artistes vietnamiens de l’époque, a peut-être ajouté à sa forte désirabilité. L’œuvre, de grandes dimensions, s’envolait à 1 222 000 € et décrochait un record mondial pour son auteur (source : Artnet). Paris prouvait une fois de plus n’avoir plus rien à envier à Hong Kong en matière de laque vietnamienne, tant les derniers hauts prix se sont faits sur son marché ! Pour Pham Hau (1903-1995) également, les succès s’enchaînent… Grand maître de la laque lui aussi – technique avec laquelle il reçoit son content de records aux enchères –, il savait se faire peintre et ce, avec une touchante simplicité et une discrétion de moyens. C’est ce que montre une encre et aquarelle sur soie représentant une jeune fille au fichu noir sur fond vert (31 x 45 cm), dont le regard pénétrant accrochait 188 500 €.