Très attendue depuis son report, la vente de cette vue du célèbre monument parisien, brossée par le maître de l’outrenoir, a porté ses fruits…
Annoncée pour le 31 octobre dernier, la session consacrée à l’art moderne et contemporain par la maison nîmoise aura été repoussée au samedi 5 décembre (voir l'article Soulages avant le noir de la Gazette n° 37, page 110). Aussi, les collectionneurs ont dû patienter un peu pour se disputer cette rarissime œuvre de jeunesse de Pierre Soulages, exécutée à l’âge de 19 ans mais déjà puissamment construite. Le Pont-Neuf (46 x 55 cm) a finalement été adjugé pour 241 800 €, à partir d’une estimation haute de 150 000 €. Pour la petite histoire, son acheteur – l’une des rares personnes présentes en salle, en raison du numerus clausus imposé par les règles sanitaires –, l’aurait acquise sur un coup de cœur, après avoir visité le musée Soulages de Rodez… Rappelons le parcours de la toile, reconstitué avec l’aide de l’artiste lui-même (qui a par ailleurs fourni un certificat d’authenticité à son nouveau propriétaire) : Pierre Soulages l’a peinte à Paris en 1938, quelque temps après son installation dans la capitale ; il prépare alors le concours d’entrée aux Beaux-Arts. Mais bien qu’ayant été reçu au printemps 1939, il décide d’abandonner son projet, l’enseignement officiel étant bien trop académique pour lui. Le jeune Soulages emporte alors Le Pont-Neuf dans ses bagages pour son retour dans le Sud ; pendant la guerre, le paysage urbain est exposé à Montpellier et acquis par un collectionneur de la région, dans la descendance duquel il se trouvait jusqu’à aujourd’hui…