Une vision de ce lieu idyllique par un Flamand concurrençait un paysage des îles espagnoles brossé par Nicolas de Staël, tout aussi attrayant par sa sérénité.
Joachim Patinir a produit nombre de paysages aux plans étagés et savamment animés de scènes, souvent inspirées par les Évangiles, ou la Légende dorée de Jacques de Voragine. Bibliques, ses Paradis terrestres répondent à un fort engouement pour la représentation du jardin d’Éden. Avec ce panneau, donné à un suiveur de Patinir, de l’école flamande, on en avait un bel exemple, mettant en scène Adam et Ève nus, entourés d’animaux pacifiques (dont une licorne), à proximité d’une fontaine de vie… Très séduisante, la composition de petites dimensions (26 x 21,1 cm) ne pouvait qu’emporter 78 120 €. C’est l’Espagne et ses panoramas lumineux qui, quelques siècles plus tard, retenaient Nicolas de Staël. Comme un aimant, la péninsule Ibérique attirait tous les étés le peintre d’origine russe. Il y retrouvait ses amis français Alix et Alain, à qui il offrit une aquarelle sur papier, Barques aux Baléares et îles Baléares, réalisée en 1935 (43 x 53 cm). Pour cette œuvre – l’une des rares de sa période figurative qui ait échappé à la destruction –, analysée dans la Gazette n° 39 (voir l'article De Staël aux Baléares page 149), deux connaisseurs se la disputaient jusqu’à 68 200 €. De ce même artiste, dix lettres autographes – provenant du couple et conservées dans leur descendance du côté de Compiègne – trouvaient preneur pour 36 330 €. Retour dans les pays du Nord, avec le lot suivant : une gravure à l’eau-forte d’après Rembrandt Van Rijn représentant la Descente de Croix (6 200 €). Signée et datée «Rembrandt f. cum privil. 1633» (55,5 x 42,5 cm), elle est l’une des versions de cette célébrissime scène, appelée aussi Grande descente de Croix. Elle s’inspire, légèrement modifiée, du tableau du même nom aujourd’hui conservé à l’Alte Pinakothek de Munich, et appartenant à un cycle de sept œuvres consacré à la Passion, commandé par le gouverneur des Pays-Bas, Frédéric-Guillaume d’Orange.