Peut-on parler d’«œuvres» préparatoires ou inachevées lorsque le statut d’œuvre d’art et sa protection juridique semblent réservés aux seules créations «achevées» au terme d’un processus intellectuel et matériel singulier ?
Les œuvres, ou, devrait-on dire, ces «états» primitifs qui précèdent ou sont concomitants au processus de création, renvoient aux différentes étapes de la genèse d’une œuvre d’art. En s’appropriant une métaphore fréquemment utilisée par les artistes pour illustrer leur rapport à la création, souvent assimilé à un enfantement, l’on pourrait comparer les travaux préparatoires à la fécondation et les œuvres inachevées à l’enfant prématuré ou, plus tragiquement, avorté. Pourtant, les institutions culturelles leur accordent une valeur historique et scientifique, tandis que le marché de l’art leur octroie une valeur marchande. Il faut citer, à titre d’exemple, l’exposition «La Force du dessin – Chefs-d’œuvre de la collection Prat», présentée dernièrement au Petit Palais, qui hisse au rang de «chefs-d’œuvre» des productions sur papier à l’origine considérées par leurs auteurs comme de simples esquisses. Le droit de la propriété intellectuelle, par souci de simplification, de non-immixtion dans le processus créatif, mais aussi et surtout de protection des œuvres «en devenir», protège par principe les œuvres préparatoires et inachevées, à condition bien sûr que celles-ci soient originales…
com.dsi.gazette.Article : 20868
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