Jaune, rouge, bleu, blanc et vert. Un véritable feu d’artifice chromatique, tel que Vincent van Gogh les admirait chez Adolphe Monticelli. C’est pour ce traitement unique et déjà moderne de la couleur que le maître admirait, vénérait même, le peintre marseillais. Tous deux se ressemblaient en bien des points. Artistes jusqu’au bout des ongles, restant à l’écart durant une grande partie de leur carrière, ils avaient chacun des failles éminemment humaines les soucis liés à une consommation excessive d’absinthe pour Monticelli et les problèmes psychologiques pour le peintre d’origine hollandaise. Mais les deux hommes ne se rencontrèrent jamais, puisque Monticelli mourut deux ans avant l’arrivée de Van Gogh dans le Sud. Dans une lettre à son frère, Théo, à la fin du mois d’octobre 1888, Vincent écrivait : «Tu sais que moi j’ai toujours la prétention de continuer la besogne que Monticelli a commencée ici.» C’est dire en quelle estime il tenait cet artiste, qui connut pourtant des fortunes diverses. Heureusement, grâce notamment à plusieurs expositions dans sa ville natale la rétrospective de 1986 puis, surtout, l’exposition de 2008-2009 au centre de la Vieille-Charité , son œuvre a été remise en lumière. Ce Bouquet de fleurs fut d’ailleurs présenté lors du dernier événement. Un bel exemple de l’art inclassable de Monticelli, dont la peinture se basait sur un travail en épaisseur au couleurs vives, créant comme une mosaïque. Ce style si particulier, il l’a élaboré au contact des œuvres d’un grand maître, Eugène Delacroix, qu’il découvrit par l’intermédiaire du peintre de Barbizon Narcisse Díaz de la Peña. Entre romantisme et impressionnisme, l’artiste s’est formé d’abord auprès de Félix Ziem de passage à Marseille puis d’Émile Loubon, entre 1842 et 1846, à l’école municipale de dessin. Le chef de file de l’école naturaliste provençale dira de lui : «Celui-là c’est l’énigme, mais ce n’est pas n’importe qui.» S’il passa, à Paris, dans l’atelier de Delaroche, les peintres l’ayant le plus influencé se nomment Rembrandt ou Véronèse, mais aussi Watteau, comme le montrent ses nouvelles Fêtes galantes. De retour à Marseille en 1870, il créa des œuvres variées, allant de compositions féeriques à des natures mortes plus réalistes. Un peintre insaisissable mais toujours passionnant.