Un dompteur dépassé par les événements ! Ses deux lions, ne lui obéissant absolument plus, se sont jetés sur un tigre. D’autres félins, mais aussi un ours blanc et une étonnante hyène, regardent l’homme, armé d’un fouet et d’un bâton, de manière agressive. Placée sur un fond rouge et végétal, cette composition témoigne d’une époque où les cirques sont à leur apogée en France. De plus en plus nombreux, ils se motorisent afin de parcourir tout le pays, et introduisent des animaux sauvages dans leur programme, suscitant émerveillement et peur. Gustave Soury s’est spécialisé dans la peinture et les affiches à sujets d’animaux de ménagerie ainsi que de l’univers circassien. S’il a débuté comme peintre en dentelles, il se tourne bientôt vers sa passion : les animaux. Visitant la ménagerie Pezon et le Jardin des Plantes, il dessine les fauves dans leurs cages. Encouragé par le dresseur Alexis Tanalias, il se lance professionnellement. Ses croquis, très appréciés, deviennent bientôt des affiches. Il sera par ailleurs caissier pour les spectacles du dompteur Mc Donald et administrateur du Cirque caucasien, du professeur Maladolli. Soury est également à l’origine de la création, dans les années 1930, du Club du cirque. Son importante collection d’affiches, cartes postales et photographies sur ce thème a été léguée au musée national des Arts et Traditions populaires, et transférée récemment au Mucem, à Marseille. Accompagnée d’autres œuvres, dont un dessin de Bagheraa, au fusain (200/300 €), cette toile avait, quant à elle, été offerte par l’artiste à un quincailler parisien… en échange de fournitures.