Depuis les ravages de l’incendie de 2003, le château de Lunéville a joué la discrétion. Mais un projet de réhabilitation pharaonique vient d’être lancé : au programme, restauration, remeublement, festival des métiers d’art et acquisitions prestigieuses.
On croyait à peine avoir changé de lieu quand on passait de Versailles à Lunéville » : le bon mot de Voltaire avait des allures de sarcasmes, tant la rivalité était grande entre le puissant duché de Lorraine et Louis XIV. Pour assurer l’accession au trône d’Espagne de son petit-fils Philippe duc d’Anjou, futur Philippe IV, le Roi-Soleil fut contraint de restaurer la suzeraineté impériale sur les duchés de Lorraine et de Bar. Par le traité de Ryswick (1697), Léopold I er (1679-1729) récupéra ses terres et s’installa non dans la capitale nancéenne, encore occupée par l’armée étrangère, mais à Lunéville. Hissé au rang de résidence ducale, le modeste château féodal, lieu de villégiature des ducs de Lorraine depuis le XIII e siècle, est aussitôt revu et corrigé par Germain Boffrand (1667-1754) : l’architecte le transforma en véritable « Versailles lorrain ». Élève de Jules Hardouin-Mansart et du sculpteur François Girardon, il s’entoure d’artistes, comme François Dumont (1688-1726), qui pareront les façades de mascarons, captifs fougueux, satyres et nymphes expressives. À l’image des innovations d’André Le Nôtre à Versailles, les parterres du jardin « à la française » se couvrent de cascades et bassins ornés de sculptures allégoriques et mythologiques sous les ciseaux…
com.dsi.gazette.Article : 19167
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