Quinze ans après «L’Apothéose du geste», la magistrale exposition des musées de Strasbourg et de Tours, le musée Magnin présente «Exquises esquisses». L’occasion de revenir sur quatre décennies de redécouvertes.
En 1792, Jean-Baptiste Pierre Le Brun reconnaissait que Frans Hals était un grand artiste, mais que «ses productions seraient vendues plus cher s’il n’avait pas tant produit, ni peint si vite… Ce qui a été fait vite se regarde de même…» En citant Hals, le meilleur connaisseur de la peinture ancienne visait assurément son propre contemporain et ami, Jean-Honoré Fragonard. Le commentaire prête aujourd’hui à sourire. Or, si on évoque facilement un renouveau du goût pour la manière esquissée, on oublierait presque que l’ensemble de tableaux peints par Fragonard, réunis pour la première fois par Georges Wildenstein sous l’appellation de «Figures de fantaisie», ne fut jamais boudé par les amateurs. Et quand les modèles ou leurs proches s’en dessaisirent, les Marcille, La Caze, Barroilhet et autres Walferdin furent prompts à célébrer ces œuvres «peint(es) en une heure de temps», comme l’indique l’étiquette ancienne au dos du Portrait de Louis Richard de La Bretèche , légué au Louvre par le docteur La Caze en 1869. À l’inverse, depuis le début du XIX e siècle, l’esquisse «étude» préparatoire pour un tableau, qu’elle soit une ébauche ou un modello, deux étapes bien distinctes du processus de création a connu une histoire quelque peu différente.
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), François-Henri, duc d’Harcourt , huile sur toile, 81 x 65 cm.
L’apothéose de l’esquisse…
com.dsi.gazette.Article : 4713
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