Peintre, graveuse et céramiste ainsi que poétesse, elle est recherchée en Corée et en France. Installée en France à partir de 1951, elle développe un art inspiré de la nature, sublimée pour atteindre l’universel.
Sur un fond presque granuleux, dominant une tache jaune, une forme arrondie accueille en son centre un cercle qui évoque le soleil ; une très fine ligne rouge aux bords relevés attire le regard vers une petite demi-sphère rose ; en bas à gauche, deux sortes de pétales bleus… Exilée loin de sa terre natale, Seundja Rhee développe une extrême sensibilité à la nature. Son œuvre retranscrit ses sentiments devant les arbres, forces vives enracinées dans la terre s’élançant vers le ciel, devant l’eau qui s’écoule entre les failles de la terre, creusant son lit patiemment, ou encore face aux nuages, du plus éthéré à celui gonflé d’eau courant dans le ciel. Tous ces éléments forment une symbiose, un univers protecteur dont l’essence même est le yin et le yang, symbole adopté pour la création de sa maison-atelier à Tourrettes-sur-Loup, qu’elle a baptisée «La rivière enchantée». Quelques signes en apesanteur lui suffisent pour exprimer le lien pluriel entre la maternité et la terre nourricière, notions universelles. Ses œuvres de la fin des années 1950 appartiennent justement à une série nommée «Terre-Femme» : elle annonce l’abstraction qui règnera dans la décennie suivante. Avec ce vocabulaire restreint et si poétique, elle transforme montagnes et vallées en des paysages célestes. Michel Butor, rencontré en 1977, transcrit ainsi l’art de son amie : «La découpe des nuages épouse celle des montagnes […] Un bouton de fleur sur sa tige jaillissant dans une fissure entre deux plaques de granit […] Les constellations dans le ciel se teignent de couleurs de soie pour la visite des planètes»…