En fixant des objets dans leur quotidienneté, Josef Sudek (1896-1976) atteint le même degré de vie silencieuse que celui des natures mortes d’un Lubin Baugin ou d’un Jean Siméon Chardin. Du grand art donc, qui se dévoilait ici en provenance d’une collection réunie par un ami intime du photographe. Ces quelques épreuves, toutes datées le plus souvent, du moment où elles furent offertes par leur auteur plutôt que de celui de leur tirage, au début des années 1950 , régalaient les collectionneurs : 7 084 € rendaient hommage à une Composition à la poire et au verre, 9 274 €, à une vue de Rose blanche et vase, 10 562 €, à une Nature morte à l’œuf, ou encore 14 168 €, à cette Composition avec œuf, assiette et verre. Autour d’elles, d’autres photographies, patiemment rassemblées au cours de trente années de correspondance assidue entre les deux hommes, invitaient à une déambulation dans toute la richesse artistique du Tchèque, nommé le «poète de Prague». On le comprend en parcourant les vues de sa ville, depuis Mala Strana, Prague, vue de nuit (3 606 €) à Envois de Prague, de 1952 (six épreuves argentiques, 10 562 €), en passant par les Premiers bourgeons, jardin de Strahov (éclos à 9 360 €). Cet ensemble unique qui apportait un nouveau regard sur une œuvre rare et un homme discret, emmuré dans l’Europe de l’Est de l’après-guerre, se concluait sur un produit total de 347 605 €.