Il est vrai qu’une partie des lots présentés provenait de la collection du peintre Yves Brayer, et parmi eux, cette statue acéphale d’une divinité féminine – également dépourvue de bras. Ciselée dans le marbre, elle date de l’époque romaine, et plus précisément du IIe siècle. Affectant un léger déhanché rythmé par un pied relevé, la jeune femme est revêtue d’un long «chiton» plissé, recouvert par un manteau drapé. Toujours très appréciée, la statuaire antique réalise de bons prix, à l’instar des 30 135 € inscrits par notre déesse. D’un culte tout autre, un masque-serpent, en bois dur (h. 175 cm), se dressait pour 16 605 € sur sa queue, peint de pigments polychromes blanc, brun-rouge et noir. Appelé a-mantsho-na-tshol (ou «seigneur des soins»), l’artefact est utilisé lors du rituel de clôture de l’initiation des garçons par le peuple Baga, en Guinée. Bien répertorié, l’objet sacré est notamment reproduit dans le légendaire Univers des formes, Afrique noire de Michel Leiris (Gallimard, 1967, page 141). Venait ensuite du Gabon une statuette de maternité en bois lourd, avec belle patine d’usage brune, portant son enfant sur le ventre (h. 51 cm). Avec sa coiffure à raies et ses yeux recouverts d’un élément métallique cloué, l’effigie recevait en offrande 10 578 €. Tout aussi rayonnante, la peinture intitulée Palimpseste solaire, signée de la main de Georges Noël et datée 1959 (détail reproduit en page de droite). On retrouve dans cette technique mixte sur toile le fond granuleux privilégié par le peintre – qui inclut du sable, des enduits, entre autres –, pour mieux développer son concept de «palimpseste», ou superposition et effacement successifs de couches de matière et de signes. Il méritait ici ces 17 835 €. En revanche, La Gavotte, sculpture de François-Rupert Carabin et objet d’un article page 105 de la Gazette n° 8 (voir l'article Tournoyante danse bretonne), n’a pas trouvé preneur.