Les scènes de déploration sur le corps du Christ sont légion dans l’art des Primitifs flamands et italiens. Le sujet, religieux par essence, offre aux artistes la possibilité de réaliser un beau «morceau» de peinture, d’exprimer des sentiments ceux d’une mère éplorée recueillant le corps d’un fils crucifié et de placer le tragique événement dans un contexte contemporain. Elles sont souvent dépeintes avec un effet de perspective, les croix du supplice étant situées dans le fond pour que le fidèle comprenne instantanément le sens. Ici, aux côtés de la Vierge et du Christ, c’est la figure de saint Jean qui a été choisie. Vêtu de rouge, l’apôtre présente des traits d’une grande finesse, doublés d’une attitude de grand recueillement. On y détaillait encore deux groupes de personnages, des soldats de l’armée du duc de Bourgogne identifiables grâce au drapeau du Saint-Empire romain germanique et à la croix de Bourgogne sur leurs vêtements et des fidèles, menés par saint André portant sa croix. Celui-ci deviendra le saint patron des ducs de Bourgogne à l’époque de Jean sans Peur (1404-1419). Autant d’indices qui rapprochent ce panneau de chêne d’une école flamande vers 1500, plus précisément d’un membre de l’atelier de Gérard David, et qui ont aidé à le porter à 124 208 €.