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La peinture abstraite de Martin Barré à Rouen

Publié le , par Christophe Averty

Dans une scénographie épurée – salle blanche, sans cartels muraux –, quatorze des vingt-six toiles de Martin Barré (1924-1993) qu’abrite la collection de la Fondation Gandur se glissent dans le parcours du musée rouennais. Comme apostrophant les maîtres du XVIIe siècle qu’incarnent Vélasquez et Poussin, Martin Barré clame...

Martin Barré, Sans titre, 1964, acrylique et peinture glycérophtalique sur toile.... La peinture abstraite de Martin Barré à Rouen
Martin Barré, Sans titre, 1964, acrylique et peinture glycérophtalique sur toile.
© Fondation Gandur pour l’art, Genève
Photographe 
: André Morin

Dans une scénographie épurée – salle blanche, sans cartels muraux –, quatorze des vingt-six toiles de Martin Barré (1924-1993) qu’abrite la collection de la Fondation Gandur se glissent dans le parcours du musée rouennais. Comme apostrophant les maîtres du XVIIe siècle qu’incarnent Vélasquez et Poussin, Martin Barré clame sa quête plastique radicale et sa réinvention d’une peinture de l’effacement, d’un minimalisme acéré. Avant lui, le musée, en partenariat avec le collectionneur Jean-Claude Gandur, avait déjà initié ce dialogue entre tradition et abstraction avec les œuvres de Simon Hantaï en 2020, puis de Judith Reigl, en 2021, procurant un regard ravivé sur l’effacement de la figure. Ici, les œuvres de Martin Barré, choisies par les commissaires Florence Calame-Levert – responsable des collections contemporaines du musée – et Bertrand Dumas – conservateur des collections beaux-arts à la Fondation Gandur pour l’art –, retracent une décennie de dense recherche, de remise en cause et en question, « comme si la peinture n’avait jamais existé ». Ainsi, autour des années 1960, Martin Barré explore les possibles tous azimuts. Par l’œil du collectionneur, s’égrènent des architectures elliptiques et flottantes des années 1956-1957, ocres, rouges et bleues, peintes à la brosse et au couteau qui déconstruisent les codes de la peinture abstraite et font surgir des fonds profonds et flous, aux transparences aqueuses. Puis, dès 1960, la figure n’est plus que ligne colorée et nette, comme tracée au cordeau, pour bientôt s’estomper, se brouiller et finalement se diluer, dès 1964, dans le bombage aérosol d’obscures traits diffus. L’espace devient maître, faisant oublier support et surface. « De la forme il ne reste qu’une fantomatique peinture qui s’approprie et transfigure l’espace autour d’elle », commente la co-commissaire. Ce saisissant contrepoint, parmi les maîtres du passé, livre à la fois le regard aigu d’un collectionneur tout en invitant le visiteur à s’interroger sur l’acte de peindre, en dehors de toute représentation, à se plonger dans un « au-delà de la toile ».

« Martin Barré. Les œuvres de la Fondation Gandur pour l’art »,
musée des beaux-arts, 108, allée François-Mitterrand, Rouen (76), tél. 
: 02 35 15 43 23.
Jusqu’au 18 septembre 2023.
mbarouen.fr/fr
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