La palette d’un artiste

«Je veux puiser sans intermédiaire à même la vie», disait Auguste Chabaud. Ainsi, le peintre provençal peignait inlassablement les gens et les paysages qui l’entouraient. Pour preuve, Le Repas de l’enfant daté 1925, estimé 7 000/8 000 €, ou La Partie de boules, proposée à 4 000/5 000 €. Né à Nîmes dans une famille d’industriels tanneurs, d’une part, de pasteurs protestants d’autres part, il entre à 15 ans aux beaux-arts d’Avignon, où il reçoit les leçons de Pierre Grivolas. Bien qu’il passe plusieurs années à Paris, notamment de 1906 à 1913, il n’abandonnera jamais la Provence s’y installera définitivement après la guerre, à Graveson, au mas de Martin, la propriété viticole familiale. La vie rurale et le travail agricole font figure pour lui de scènes de la vie quotidienne, comme en témoigne le Paysan au champ, une huile sur carton annoncée à 3 000/4 000 €. L’œuvre offre un bon exemple de la monumentalité de ses personnages, projetés au premier plan et dépeints avec des couleurs sombres, des cernes bien tracés, le tout sur un fond plus vif. Une construction que l’on retrouve avec ces toréadors, datés vers 1909-1910, une période où le fauvisme imprègne encore fortement la peinture de l’artiste. Lui qui fut absent en 1905 de la «cage aux fauves» du Salon d’automne, effectuant alors son service militaire en Tunisie, affiche pourtant de nombreuses qualités qui le rapprochent de ses amis Matisse et Derain, rencontrés à l’académie Carrière, rue de Rennes à Paris. On retrouve la violence chromatique et la simplification des formes dans une toile d’un autre genre, une Nature morte à la nappe à carreaux de 1908 (55 000/60 000 €). Un aspect moins connu de l’œuvre de Chabaud sera aussi abordé lors de cette vente : celui de la sculpture, avec un bronze à patine noire, Homme portant un enfant, prisé 2 500/3 000 €.