Tout en gardant un esprit art nouveau, ce vase de Jean Dunand représente une coloquinte avec un grand naturalisme. En bronze, il arbore une double patine, brun-roux et mastic mat, imitant parfaitement la peau granuleuse aux couleurs nuancées de ces cucurbitacées. Issu d’un modèle créé en 1912, l’objet illustre les débuts de cet artiste qui remit la dinanderie au goût du jour, ainsi que le travail de la laque lors de la période art déco. Mais ce vase, à la limite de la sculpture, évoque la toute première formation reçue par l’artiste, à partir de 1891 à l’école des Arts industriels de Genève. Le jeune Suisse décidera six ans plus tard de partir pour Paris, où il suivra les cours, à l’École nationale des arts décoratifs, du sculpteur Jean Dampt. C’est lors de vacances dans son pays natal qu’il s’initie au travail du métal et à la dinanderie. Il présente ses premiers vases en 1905 au Salon de la Société nationale des beaux-arts. Face au succès rencontré, il décide de se spécialiser dans les arts décoratifs. Travaillant tous les matériaux, afin de créer des formes variées et toujours très étudiées, il perfectionne sa technique, s’essayant aux incrustations, à la ciselure, au martelage et aux patines. Il réalise des pièces naturalistes tels les modèles Monnaie-du-pape, en 1906, ou Mûres, cinq ans plus tard, avant de proposer, en 1912, un premier modèle Coloquinte proche du nôtre reproduit en page 297 du livre Jean Dunand de Félix Marcilhac (éditions de l’Amateur, 1991).