Pommes, pêches, prunes, raisins, figues, citrons, mais aussi une guirlande de piments occupent la surface de cette toile. Ces denrées fort nombreuses et variées, le peintre les a réparties avec attention, les espaçant minutieusement sur la table de bois foncé et le fond noir. Un soin et une austérité qui caractérisent la peinture espagnole de natures mortes du XVIIe. Au cœur du fameux «Siècle d’or», l’Andalousie, et plus précisément Grenade à partir de 1604, devient un centre de production majeur du genre, grâce notamment à la présence du célèbre Juan Sánchez Cotán (1560-1627) – peintre de Tolède, qui en fut l’un des pionniers à la fin du siècle précédent et qui se retira alors à la chartreuse de Grenade – ou encore celle de Blas de Ledesma, dont la biographie est très peu documentée mais dont la présence dans cette ville andalouse de 1602 à 1614 est attestée. D’aucuns suggèrent que le second ait subi l’influence du premier. Disciple de Giulio Aquili et Alejandro Mayner, Ledesma travailla à l’Alhambra mais aussi à la cathédrale. Son influence fut importante, à un point tel que le poète Pedro Soto de Rojas le compara, dans son ouvrage Paradis fermé à beaucoup, jardins ouverts à peu (1652), au peintre antique Zeuxis. La peinture de nature morte a poursuivi son évolution en Andalousie, et en particulier à Séville, où elle devait atteindre son apogée avec d’autres grands noms, tel celui de Zurbarán.