Dès lors que l’on prononce le nom d’Alexandrie émergent des brumes de l’imaginaire collectif des images : le phare, la grande bibliothèque, Cléopâtre… L’exposition du Mucem prend ces fantasmagories comme point de départ pour les confronter doublement à la réalité de l’archéologie et les mettre en regard avec certaines problématiques de l’Alexandrie contemporaine : ce seront les cinq sections du parcours (urbanisme, pouvoirs et savoirs, temples et bilinguisme culturel, les Alexandrins au quotidien, le rayonnement d’Alexandrie). Or, au fur à mesure, la confrontation des artefacts antiques et des œuvres d’art contemporaines des seize artistes invités (trois d’entre elles ont été conçues spécifiquement pour l’exposition) fonctionne rarement. On a l’impression de survoler les sujets et que certains dialogues sont forcés, comme l’illustre Water-Arm de Jumana Manna : dénonçant les problèmes de gestion de l’eau dans la Palestine occupée, l’œuvre sert à évoquer la même problématique à Alexandrie. Fondée par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C. sur les bords de la Méditerranée, la capitale est détruite par un tsunami au IVe siècle de notre ère. D’où finalement le peu de témoignages archéologiques – dont la bague portant la titulature d’Antonin le Pieux en latin, grec et hiéroglyphes, une statue équestre d’Alexandre en bronze, la fresque du musée de Naples représentant Io accueillie par Isis à Canope –, mais il n’empêche : on a beaucoup de mal à percevoir la ville cosmopolite antique et contemporaine, le tumulte, l’architecture anarchique, la Méditerranée qui la relie à Marseille, puisque le lien entre les deux villes portuaires est également en trame de fond de l’exposition. La promesse était séduisante, on en ressort déçu.