Ce vase en céramique de la culture Maya du Guatemala ponctue la fin d’une partition dévolue à une collection new-yorkaise d’art précolombien.
On dit souvent que la nature a horreur du vide… Chez les Mayas, c’est une évidence. Si les glyphes ne suffisent pas à couvrir l’espace vacant, on fait appel à toutes les ressources de l’iconographie et aux symboles. Ce vase de la région du Peten, au nord du Guatemela, est orné d’une bande commentant la scène qui se déroule sur le corps de la pièce. Celle-ci se lit presque comme une bande dessinée… Un jeune homme est assis sur un large trône. Sa tête, parée d’un long ornement d’oreille, est couronnée d’une grande coiffe maintenue par une sorte de diadème à l’effigie de Sak Hinal, le «dieu bouffon» aux traits de dragon associé à la couleur blanche ; sa bouche entrouverte laisse apparaître des incisives en forme de dents de requin et à ses pieds, un grand plat contient un ballot enveloppé par un linge. Derrière lui, une incarnation d’Itsam aspect d’Itzamna, dieu du ciel, de la nuit et du jour à qui l’on doit l’invention de l’écriture , personnifiée par un vieillard coiffé de l’effigie du dragon-nénuphar et flottant au-dessus du sol, présente une écuelle contenant la tête de Hunal. Face à eux, trois personnages sortent d’une montagne personnifiée par le dragon Wits («cascade»), créature au petit nez distinctif des serpents et au museau allongé comme un bec d’oiseau. Trois d’entre eux sont musiciens et jouent de la carapace de tortue, d’un tambour et de hochets, le dernier, comédien, étant armé d’un javelot et d’une rondache. Il est juché sur des échasses dont le bruit, pendant la danse, permet d’invoquer le tonnerre, son visage dissimulé par un masque figurant Chaak. Dieu de la pluie, celui-ci personnifiait aussi le vent, l’orage et la foudre, les semences du maïs. Représenté sous quatre couleurs et aspects différents, Chaak symbolisait les points cardinaux. Une sorte de boussole pour aider les enchérisseurs à ne pas perdre le nord…