Les Renner, un couple de collectionneurs forcément passionnés, ont recherché pendant plus de quarante ans des objets de pharmacie, de médecine et de chirurgie, formant une sorte de petit musée de toutes ces pratiques dans les siècles passés. Cet ensemble rare et original, qui réunissait des pièces rappelant les souffrances des patients, alors qu’elles étaient censées les soulager, avait fait l’objet du Focus de la Gazette no 7 du 16 février dernier (pages 10 à 15) et a été dispersé pour un total de 286 738 €. Les vases et albarelli, les contenants des différentes pharmacopées, ouvraient la marche de la reconnaissance. Leurs résultats s’étageaient de 1 134 à 18 270 €, ce dernier prix venant honorer deux vases ovoïdes en majolique, à décor polychrome des figures en pied de saint Jacques le Mineur et de saint Matthieu, tous deux datés 1613 et portant pour l’un la signature d’Andrea Pantaleo. Travaillant dans l’atelier palermitain des frères Lazarro, ce peintre en céramique originaire de Montreale est attesté dans la capitale sicilienne à partir de 1582. Un albarello attribué à une manufacture anversoise du XVIIe siècle, à décor de sphères stylisées, recueillait pour sa part 12 600 €, et au chapitre des faïences, un rare plat à barbe (reproduit ci-dessus) réalisé à Nevers le 23 juillet 1789 la cité des bords de Loire n’en était pas encore à l’heure des céramiques révolutionnaires retenait 13 860 €. Sur son bassin se déroule une scène amusante, qui a sans doute contribué à son succès : tel celui de Molière, un médecin assis y ausculte Arlequin, tandis que son assistant debout à l’arrière, près d’une étagère chargée de pots d’apothicairerie, se tient prêt à dégainer sa seringue… Le dialogue entre le savant et son patient est intégralement retranscrit et succulent. En voici un petit aperçu : «Dormez vous un peu la nuit/Pas trop je ne dort que vingt quatre heures et le tout sans menger ce qui me fait le plus enrager». Les étains venaient ensuite, sous la forme de pichets déclinant la technique à travers tout le royaume de France, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Honneur à Amiens avec un modèle présentant le premier poinçon de jaugeage pour cette ville, qui recueillait le score le plus élevé de 1 260 €. On laissera les palettes à saigner, mortiers et étuis à lancettes pour en terminer avec une pharmacie de voyage allemande du XVIIIe siècle, complète de ses flacons et ouverte à 7 056 €. Mais aussi différents outils dont les noms font frémir : scies de chirurgien l’une en acier du milieu du XVIIIe se taillait 1 512 € , trépans un modèle en acier et ivoire, du milieu du XIXe, perçait 2 268 € et boîtes chirurgicales (l’une reproduite page 144), déployant tous leurs scalpels et autres instruments entre 630 et 7 560 €.