Bien plus qu’un simple objet d’art précieux, une coupe en or offerte par le célèbre roi de Siam, Rama V, à son amiral danois.
Entièrement emboutie et incisée, sa surface est ornée, en partie supérieure, d’un motif évoquant Garuda. L’homme-oiseau de la mythologie hindouiste, emblème de la monarchie en Thaïlande, orne aussi bien les drapeaux des bâtiments officiels que les passeports et billets de banque. Se voir offrir une image si hautement symbolique de la nation et de son pouvoir ne peut être que la marque d’une très haute estime de la part du souverain. L’honneur est ici revenu à Andreas du Plessis de Richelieu (1852-1932), officier naval danois qui devient ministre de la marine de Siam et le premier et unique commandant en chef de l’histoire de la marine thaï d’origine étrangère. En 1893, l’année où la guerre franco-siamoise fait rage, il commande les troupes à la forteresse de Phra Chulachomklao. Bien que les combats se soldent par la cession du Laos à l’Indochine, le roi Rama V (1868-1910) remet à son amiral la plus haute distinction siamoise : le titre de noblesse du Phya Pan Tong. À cette occasion, il lui offre cette coupe en or. En 1902, atteint de malaria, du Plessis rentre au Danemark où il meurt trente ans plus tard, sans oublier de rapporter chez lui la marque de l’estime que lui portait le roi Rama V, le grand modernisateur du pays, encore vénéré aujourd’hui comme une déité. Sous son règne sont fondés les services postaux et la première université du pays. Il abolit l’esclavage, introduit les billets de banque, centralise l’administration et crée des ministères sur le modèle occidental. Pour mener à bien ces réformes, il s’entoure d’experts venus d’une Europe qu’il a eu l’occasion de visiter à plusieurs reprises.