En exposant la période de jeunesse de Lucas Cranach l’Ancien, le Kunsthistorisches Museum de Vienne rouvre l’un des dossiers les plus épineux de la Renaissance germanique.
Si Lucas Cranach l’Ancien (1472-1552) est aujourd’hui considéré comme un artiste parmi les plus productifs et les mieux documentés de son temps, c’est uniquement pour son activité comme peintre de cour auprès des princes électeurs de Saxe. L’artiste entre à leur service en 1505, s’installe à Wittenberg et élabore un style si largement uniforme et identifiable que les historiens de l’art le qualifient sans hésiter de « marque ». Tandis que le signet composé d’un serpent ailé et couronné qu’il appose sur les produits finis joue le même rôle que le crocodile Lacoste ou la méduse Versace, un répertoire de formes limité et combiné par les nombreuses mains actives dans son atelier assure l’homogénéité de la production. Qu’ils soient ceux de nymphes, de Grâces, de Vénus, Diane ou Ève, les corps féminins sont dupliqués via des patrons reproduisant toujours le même canon. Une autre formule montrant une femme en buste sera alternativement une Judith et une Salomé si elle est accompagnée d’une tête sur un plateau, ou une Lucrèce si elle s’enfonce un poignard dans la poitrine. Ainsi le maître élabore-t-il des compositions-type efficaces que son atelier décline à l’envi, et les quelque 1 500 peintures aujourd’hui conservées sous son nom ne représenteraient qu’un quart de sa production…
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