Alors que l’exposition du Louvre sur les oasis d’Ouzbékistan vient tout juste de fermer ses portes, Christian Deydier expose dans ses deux galeries de Paris et de Hong Kong un somptueux florilège de samits, provenant d’Asie centrale et datant des VIIe-IXe siècles de notre ère. Une véritable prouesse, lorsque l’on sait combien sont rares et infiniment précieux ces textiles d’or et de soie qui faisaient office d’objets d’échange, de cadeaux diplomatiques, ou tout simplement de tenues d’apparat. Mais ce qui fascine avant tout dans ces pièces d’une virtuosité technique exceptionnelle, c’est bien la richesse de leurs motifs. Reflétant l’extraordinaire creuset culturel de cette route de la soie qui véhiculait aussi bien les marchandises que les religions, les techniques et les hommes, ces soieries demeurent cependant une énigme pour les historiens de l’art comme pour les archéologues. Furent-elles réalisées par des artisans chinois, perses ou sogdiens ? Étaient-elles destinées à une clientèle étrangère, ou locale ? Autant de questions auxquelles Christian Deydier se refuse lui-même à répondre. Le souvenir des peuples nomades des steppes souffle cependant sur ces oiseaux affrontés et ces cerfs aux larges ramures, tandis que l’influence sassanide se devine dans le dessin de ces médaillons perlés et ces scènes de chasse au symbolisme royal. Et comment ne pas reconnaître la « patte grecque » dans ces chevaux et ces griffons ailés ? Bien plus rare, le motif de l’éléphant vu de profil trahit, quant à lui, une influence indienne incontestable. Parmi les pépites rassemblées depuis une vingtaine d’années par l’antiquaire (et dont les prix oscillent pour la plupart entre 30 et 40 000 €), on admirera tout particulièrement le somptueux caftan qui traduit bien l’opulence et le goût pour le faste de son heureux commanditaire, puissant dignitaire ou riche marchand.