Pour asseoir son pouvoir sur l’Empire perse, Alexandre le Grand devait battre définitivement Darius III. L’occasion se présente à Gaugamèles, en Mésopotamie, en 331 av. J.-C. ; les quelque 50 000 Macédoniens mettent alors en déroute l’armée du roi des rois, dont on a calculé qu’elle comptait au moins 300 000 hommes. Darius s’enfuit dans les montagnes, mais est assassiné par l’un de ses officiers. D’après Plutarque et sa Vie des hommes illustres, Alexandre le retrouve agonisant ; c’est ce moment tragique que Charles Meynier a choisi d’illustrer avec son tableau, ou plus précisement l’acte final du drame : le jeune Grec pris de pitié recouvre le corps de son ennemi, se dépouillant de son manteau pourpre. Il s’agit en fait du véritable sujet de l’œuvre : la valeur du respect que témoignent les vainqueurs au vaincu. Emblématique de l’engouement du peintre pour les grands sujets de l’histoire ancienne, la toile s’inscrit dans une série d’œuvres traitant du même sujet, comme l’a souligné Isabelle Mayer-Michalon dans son catalogue raisonné de Charles Meynier (Paris, 2008) ; elle y évoque l’existence d’au moins quatre dessins, mentionnés dans le catalogue de la vente après décès du peintre, qui décline ce récit. Le plus proche du tableau présenté à Chinon se trouve aujourd’hui dans une collection particulière américaine, car il présente Darius allongé sur les débris de son char. L’un des nombreux adeptes de l’artiste néoclassique emportait cette composition héroïque pour 56 120 €.
Imprimer l'article
