Longtemps, les peintres de la réalité poétique ne furent pas reconnus à leur juste valeur. Trop durablement, les Brianchon, Cavaillès, Legueult, Limouse ou Oudot sont restés dans l’ombre d’autres artistes de l’avant-garde figurative ou abstraite. Désormais, l’on reconnaît le talent et la beauté de leurs paysages dominés par la couleur et par une même vision exaltée de la nature. Le littoral a ainsi toujours attiré Maurice Brianchon. Celui que Georges Besson surnommait « l’aristocrate de la peinture » aimait surtout la vie urbaine et l’animation que le bord de mer provoque, comme le retranscrit cette vue du port de Roscoff, au riche commerce de toile, de sel et de bois. On devine l’activité intense avec les fumées s’envolant dans le ciel… L’artiste aime voyager et découvrir de nouveaux lieux, comme la Belgique et les Pays-Bas autour de 1920 ou la péninsule ibérique avec son ami Raymond Legueult, en 1922 — avec lequel il partage un atelier avenue du Maine. Tout comme la Normandie, la Bretagne est l’une de ses destinations favorites en France, ce dont témoigne cette œuvre dans laquelle les couleurs n’ont pas la vivacité des décennies suivantes, mais qui déjà présente cet art de la composition complexe et harmonieux, fait d’un jeu de lignes et de perspectives nous menant jusqu’à l’horizon.