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La Brafa à Bruxelles : une foire qui fait bonne figure

Publié le , par Alexandre Crochet

Malgré des absences notables, la foire d’art et d’antiquités belge a su préserver diversité et qualité, avec de nombreuses ventes relevant du moyen marché.

L’escalier en polyester de Georges Ferran, 1971, sur le stand de la galerie Morentz,... La Brafa à Bruxelles : une foire qui fait bonne figure
L’escalier en polyester de Georges Ferran, 1971, sur le stand de la galerie Morentz, Brafa 2023.
© Morentz

Malgré une certaine hésitation pour les gros achats en ce début d’année incertain, déjà observée à artgenève pour le contemporain, la Brafa a su une fois de plus tirer son épingle du jeu. Elle a enregistré maintes transactions dans son créneau principal : le moyen marché. « Après être venus l’année dernière avec de trop grosses pièces, nous avons réajusté le stand. Nous avons vendu tous les jours, pour un total d’une dizaine d’œuvres entre 2 000 et plus de 100 000 €, signées entre autres Poliakoff, Fernand Léger ou Robert Couturier », confie Alexandre Lorquin, de la galerie Dina Vierny. Par ailleurs, Bernard De Leye a cédé sa pièce phare, un rafraîchissoir viennois, tandis que la galerie Claes a vendu notamment sept photos de Fabrice Monteiro ainsi qu’une panthère edo du Bénin en bronze, ou que Guy Pieters s’est délesté de plusieurs œuvres à 750 000 € de Christo et de Jim Dine. Parmi les ventes les plus importantes figurent chez Samuelis Baumgarte un mobile de Calder pour plus d’un million d’euros… « Nous avons réussi notre réorganisation, explique Didier Claes, vice-président de la foire. Les gens se sont habitués au nouveau lieu, Brussels Expo, qui permet un accès direct par la route pour les Flamands. Il fallait que cette édition soit réussie après celle de juin, plus mitigée. » La Brafa avait alors maintenu l’événement en pleine chaleur et au touche-touche temporel avec la Tefaf Maastricht, elle aussi décalée au même mois. Le dîner de gala, cette année ? « Un succès. Nous avons eu 1 850 invités, la plus grosse participation depuis que nous avons lancé la formule assise. » Une soirée pendant laquelle les achats « coup de cœur » ne sont pas rares. Si certains sont venus au dîner, dont Jean-Claude Gandur ou Jean-Claude Marian, d’autres, discrets, ont préféré la fin de la foire, tel George Forrest, l’une des premières fortunes de Belgique et « roi » du Congo.
À la recherche de son ADN
Marquée par un renforcement du design avec l’arrivée de la galerie Pascal Cuisinier ou la participation de la néerlandaise Morentz — qui a apporté un escalier spectaculaire en polyester de Georges Ferran –, la foire a retrouvé le même nombre d’exposants qu’avant la pandémie. Elle doit toutefois affronter une situation inédite : l’absence regrettable d’une cohorte de galeristes importants. Échaudés par les contrôles répétés sur place, et visiblement sans tact, de la brigade belge du SPF Finances, une poignée de marchands d’archéologie, de Kevorkian à Eberwein, se sont retirés de la manifestation. Leur spécialité était donc quasiment absente cette année, la législation anti-fraude et anti-blanchiment de l’Union européenne exigeant toujours plus de documents attestant du parcours des pièces. « Nous sommes en relation avec les autorités pour créer une feuille de route et la remettre aux exposants », précise Didier Claes. Entre départs à la retraite et concurrence de Maastricht, où sont partis certains, les arts premiers sont l’autre domaine qui a le plus fondu, passant de dix marchands… à quatre ! Résultat : « La Brafa a perdu une partie de son ADN », admet Didier Claes. Reine incontestée de l’hiver chaque mois de janvier pendant des décennies, la foire est depuis peu prise en tenaille entre Fine Arts Paris & la Biennale, une réunion désormais plus puissante, en novembre, et la Tefaf en mars. « La Brafa n’est pas une foire de tableaux mais d’antiquaires. Il ne faut pas que le public se lasse de voir trop de peintures », souligne Didier Claes. Le salut pourrait venir de Londres. Avec l’arrêt des salons Masterpiece et Olympia, des antiquaires anglais pourraient bien rejoindre la Brafa.

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