Erró, l’un des fondateurs de la figuration narrative, est aussi l’un des rares artistes islandais à s’être imposé sur la scène internationale. Entre esthétique de la bande dessinée et du petit écran, Multimedia est un réquisitoire contre l’hyper-consumérisme.
Connu pour ses collages réalisés à partir d’affiches publicitaires, de documents politiques, de bandes dessinées ou encore de photographies de presse, Erró a mis au point une esthétique proche du pop art, exhibant dans des œuvres cacophoniques, le consumérisme de masse ainsi que l’hégémonie économique et culturelle. Conçue à l’huile et au marqueur, Multimedia déroule une ribambelle de personnages qui pourraient être ceux d’un dessin animé pour enfants – notamment de l’univers Disney – mais qui, si on les regarde de près, se révèlent presque tous, soit grotesques, soit apeurés. L’angoisse et la violence, tout comme l’humour, font partie de ses armes pour dénoncer une société oppressante où tout est voué, à court terme, à l’oubli. La multiplicité des écrans engendre un effet de menace, devenue incontrôlable et imprévisible. Associé à la figuration narrative, mouvement auquel il participe quand il s’installe à Paris en 1958, Erró reste un artiste protéiforme, sans véritable étiquette, fasciné par le monde des images et les détonations chromatiques. Plusieurs rétrospectives lui ont été dédiées : en 1985, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, et en 1999 à la galerie nationale du Jeu de Paume. En 2005, le musée d’Art moderne et contemporain de Palma de Majorque, ainsi que le Mannheimer Kunstverein, en Allemagne, présentent un large panorama de son travail, suivis de l’IVAM à Valence et de la Sala Alcalá 31 à Madrid, en 2006. Enfin, le Centre Pompidou, organise en 2010, « Erró, cinquante ans de collage », l’une de ses plus grandes expositions à ce jour en France.