D’un raffinement spectaculaire, ce service du XIXe siècle est l’un des rares témoignages de ce travail de l’or particulièrement prisé au Vietnam à cette époque.
D’une très grande rareté sur le marché, ces pièces totalisant pas moins de 413 grammes ont bien du mérite à avoir échappé à des fontes peu scrupuleuses. Sans doute leur décor ciselé, d’une extrême précision et d’un grand raffinement, ne pouvait-il que séduire. Ainsi cette verseuse, tout comme le pot à lait, présente deux dragons parmi les nuages au-dessus des flots, son couvercle étant orné de branches de fleurs, et le col du pot de svastikas. Quant aux trois petites tasses, les parcourent un dragon, un phénix, un qilin et une tortue parmi les nuages… Ces animaux emblématiques du bouddhisme se rattachent, tout comme en Chine, aux notions de longévité et de pouvoir. L’association du dragon, élément masculin, et du phénix, élément féminin, peut toutefois aussi être perçue comme le symbole d’une union. Sorties d’ateliers spécialisés – les ateliers impériaux n’existant pas au Vietnam, contrairement à la Chine –, ces pièces pourraient être la partie d’un service commandé à l’occasion d’un mariage. « Beaucoup d’objets en or, plateaux, bols ou théières, ont été confectionnés au Vietnam au XIXe siècle, le plus souvent destinés à la cour et aux hauts dignitaires », précise l’expert Alice Jossaume. Certains exemples ont d’ailleurs été présentés en 2017 au musée Guimet, lors de l’exposition « 113 ors d’Asie », qui mettait en avant la place centrale du métal dans les arts asiatiques et sa symbolique bouddhiste. L’or y évoque la pureté, l’éveil de la conscience et le bonheur…