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L’Indochine dans les hauteurs

Résultat 516 800 EUR
Publié le , par Anne Doridou-Heim
Vente le 08 mars 2021 - 14:00 (CET) - Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 75009

Des carpes batifolant sur un paravent de Pham Hau ne restaient pas muettes devant les nus d’Alix Aymé, les enchérisseurs non plus !

Pham Hau (1903-1995), Les Neuf Carpes, paravent composé de quatre panneaux polychromes... L’Indochine dans les hauteurs
Pham Hau (1903-1995), Les Neuf Carpes, paravent composé de quatre panneaux polychromes et or en bois gravé et laqué, 1938, 150,5 200 cm.
Adjugé : 516 800 

Les opus se succèdent — déjà le 10e, les bons résultats et les records aussi. C’est à nouveau Pham Hau (1903-1995), décidément aujourd’hui incontournable des succès de l’Indochine, qui bondissait à 516 800 € – et avalait un record français au passage – avec ce paravent titré Les Neuf Carpes. Ce chiffre symbole de longévité portait bonheur. Il avait tout pour plaire, ainsi que vous aviez pu le constater en page 52 de la Gazette n°9 du 5 mars (voir l'article Un paravent de Pham Hau qui associe tradition ancestrale et modernité), avec sa composition parfaitement équilibrée servie par des couleurs à l’harmonie délicate, un décor de fonds aquatiques enchanteurs et le nom de celui qui est devenu l’un des plus grands maîtres laqueurs de l’ancienne Indochine. C’est évidemment à Hanoï, à l’École des beaux-arts, qu’il a appris cette technique ancestrale avec un œil artistique. Parmi les enseignants de la discipline se trouve la Française Alix Aymé (1894-1989), alors épouse d’un professeur de lettres envoyé en mission dans la colonie et installé à Hanoï en 1921. En 1929, elle divorce de son mari, mais pas de l’Asie. Lors d’un voyage au Japon, elle s’initie à l’art de la laque et à son retour au Vietnam, est nommée professeur au lycée Albert-Sarrau, où elle transmet évidemment ce savoir aux côtés de Joseph Inguimberty. Tous deux sont regardés comme les rénovateurs et les transformateurs de ce qui était auparavant un artisanat. En empochant 206 720 €, ses Nus au bouquet de lys blancs peints sur toile reproduits ci-dessus) s’installaient sur la deuxième marche de son podium (source : Artnet), une place amplement méritée. L’artiste affectionnait tout autant le métier de peintre. Pour cette seconde technique, elle conviait régulièrement ses modèles féminins – des enfants aussi – à venir poser dans son atelier et les installait devant les larges fenêtres ouvertes sur un jardin luxuriant. Il en émanait des œuvres d’une profonde intimité que seule une femme pouvait être autorisée à capter. Du bel ouvrage, respectueux des traditions d’un pays culturellement et historiquement riche, et un bel hommage à voir ces deux noms réunis dans les sommets.
 

Alix Aymé (1894-1989), Nus au bouquet de lys blancs, huile sur toile, 70 x 90 cm. Adjugé : 206 720 €
Alix Aymé (1894-1989), Nus au bouquet de lys blancs, huile sur toile, 70 90 cm.
Adjugé : 206 720 
lundi 08 mars 2021 - 14:00 (CET) - Live
Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 75009
Lynda Trouvé
Gazette Drouot
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